La gouvernance démocratique : force de distinction

Chronique rédigée par :
Emond Sabrina

Jacob Matthew Drum
Directeur vie associative et soutien à la direction générale

Avez-vous remarqué à quel point les grands décideurs — qu’ils dirigent des ministères ou des multinationales — semblent souvent aveuglés par le court terme ?

Dans le secteur public, on gouverne à l’horizon électoral. Dans le secteur privé, à celui du prochain trimestre. Et tout ce qui dépasse ce cycle — la cohésion sociale, l’environnement, la résilience économique des communautés — est relégué au second plan, faute d’avoir un retour immédiat sur l’investissement politique ou financier.

 

Face à cette logique réductrice, les entreprises d’économie sociale offrent une voie différente.

Leur gouvernance démocratique constitue une force stabilisatrice et responsable, qui les rend capables de penser et d’agir autrement.

Car il est temps de le dire sans détour : La gouvernance démocratique n’est pas un fardeau. C’est ce qui nous permet de prendre de meilleures décisions.

Dans mon rôle de directeur vie associative, je l’entends pourtant trop souvent : « les instances sont trop lourdes », « ça ralentit la prise de décision », « on n’a pas l’agilité du privé ». Ces commentaires, bien que compréhensibles à chaud, passent à côté de la valeur réelle de la gouvernance démocratique. Car ce qui peut sembler, à première vue, comme un frein procédural est en réalité un garde-fou stratégique. C’est ce qui empêche de foncer tête baissée dans des directions déconnectées du terrain. C’est ce qui ancre nos décisions dans la réalité, et non dans la précipitation.

 

Pourquoi ?

  • Parce que la gouvernance démocratique donne une voix aux parties prenantes qui vivent les impacts réels des choix organisationnels.
  • Parce qu’elle limite les angles morts liés à la concentration du pouvoir.
  • Parce qu’elle privilégie l’efficience sociale, plutôt que la simple rentabilité.

Sur le plan économique, cette approche vient corriger plusieurs failles bien connues du marché.

Là où les prix échouent à refléter les coûts sociaux ou environnementaux (les fameuses « externalités »), les entreprises collectives les intègrent dès le départ dans leurs processus de décision. Là où le marché alloue les ressources selon la capacité de payer, la gouvernance démocratique les oriente en fonction des besoins exprimés. Ce n’est pas une utopie : c’est une rationalité différente, plus durable, plus inclusive.

Et cette gouvernance n’est pas qu’un idéal. Elle se traduit par des pratiques concrètes :

  • des assemblées générales ouvertes et structurées,
  • des conseils d’administration représentatifs,
  • des consultations régulières,
  • des mécanismes de reddition de comptes.

Oui, cela exige du temps, de la rigueur, de l’écoute. Mais c’est justement ce qui permet des décisions plus robustes, mieux comprises, mieux acceptées — et souvent plus courageuses, car collectivement portées.

Alors que de nombreuses entreprises cherchent aujourd’hui à intégrer les principes ESG pour répondre aux attentes sociétales, l’économie sociale n’a pas besoin de se réinventer. Elle a toujours été construite sur une base démocratique réelle. Cette gouvernance ne s’achète pas : elle se vit, elle se cultive, elle se protège.

 

Et désormais, elle se structure davantage.

Les 14 et 15 mai derniers, lors du Sommet de l’économie sociale 2025, une dizaine d’organisations ont annoncé la création du Carrefour d’expertise en gouvernance démocratique. Ce nouvel espace collaboratif vise à regrouper, harmoniser, renforcer et faire rayonner les expertises du mouvement en matière de gouvernance. Il permettra de mieux outiller les organisations, d’amplifier les pratiques existantes et de démontrer que notre modèle démocratique n’est pas un frein, mais un levier stratégique.

Le Consortium de coopération des entreprises collectives est fier d’être de cette aventure, aux côtés du Chantier de l’économie sociale, du CSMO-ÉSAC, de la Coopérative de développement régional du Québec, du Réseau des pôles d’économie sociale du Québec, du Centre Saint-Pierre, du Conseil québécois du loisir, du TIESS, de MCE Conseil et de la CDEC de Québec.

Ensemble, faisons de cette force démocratique notre plus bel avantage concurrentiel.

« Nous sommes fiers d’arborer le sceau Concilivi qui démontre une belle évolution dans le monde du travail ».

Le Consortium, c'est deux adresses,
mais des interventions partout au Québec

 

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